Zeïtoun: Histoire de Zeïtoun XVII

From Armeniapedia
Jump to navigation Jump to search

<- Zeïtoun: Depuis les origines jusqu'à l'insurrection de 1895

Le conflit d'Alabache. - L'incendie de Zeïtoun. - Le conflit d'Ok-Kaïa. - La mort de Babig-Pacha

Le gouvernement turc recommença au bout de quelques années à opprimer le Zeïtoun; c'était plutôt une oppression économique; les impôts étaient très lourds, et la manière de les lever était arbitraire. Les Zeïtouniotes subissaient ce joug intolérable la rage au cœur, mais rendus incapables de résister par l'existence delà caserne.

Mais la révolte ne tarda pas à éclater. Les Turcs étaient allés à l'époque des moissons lever les impôts à Alabache. Un sergent avait battu et insulté un pauvre paysan, qui, n'ayant pas d'argent, proposait de payer après les moissons. Le fils du maire d'Alabache, Assadour, indigné, se jette sur le sergent, le terrasse et le bat jusqu'au sang.

Le lendemain (6 juillet 1884), 150 soldats tombent sur le fils du maire qui travaillait dans son champ avec six compagnons. Au lieu de se rendre, le petit groupe se défend, un sergent et cinq soldais sont tués; les autres s'enfuient, no voulant pas risquer leur vie et se réfugient dans une chaumière. Les Arméniens d'Alabache se réunirent autour de cette chaumière et voulaient l'incendier, mais les notables de Zeïtoun, ayant appris l'incident, vinrent à Alabache et empêchèrent les Arméniens de brûler les soldats.

Le gouverneur de Marache, Dédé-Pacha, homme paisible et bon, se rendit à Zeïtoun pour faire une enquête et pour punir les coupables. Mais comprenant bien que cette question pouvait avoir des suites graves, il accorda le pardon aux paysans d'Alabache et rétablit ainsi la paix.

Quelque temps après, les Zeïtouniotes furent éprouvés par un malheur plus important. Le 22 septembre 1884, une main inconnue mit le feu aux maisons du quartier de Boz-Baïr et une grande partie de Zeïtoun fut détruite dans cet incendie; le peuple tomba dans la misère. Déjà l'année précédente une main mystérieuse avait également mis le feu à Hadjin, où 2,500 maisons et le marché tout entier avaient brûlé. Vers la même époque, deux grands incendies éclatèrent à Marache où les quartiers arméniens et le marché furent réduits en cendres.

Après l'incendie, le gouvernement fit tous ses efforts pour disperser les Arméniens de Hadjin et de Zeïtoun dans les plaines environnantes; mais les montagnards s'obstinèrent à rester toujours sur leurs hauteurs. Les deux villes incendiées furent reconstruites au moyen des secours envoyés d'Europe et d'Amérique, mais les habitants restèrent toujours dans la misère, forcés souvent de vendre môme leurs armes pour trouver du pain. Le gouvernement, profitant de cet affaiblissement des montagnards arméniens, redoubla les impôts et les persécutions.

Le 21 septembre 1886, un conflit eut lieu à Zeïtoun. Le gouvernement, ce jour-là, avait pris aux Zeïtouniotes leurs mulets et leurs chevaux pour les faire servir au transport des soldats et des vivres. Les gens de Boz-Baïr, excités par cet acte, se jetèrent sur les soldats au moment où ils passaient par la gorge d'Ok-Kaïa, montés sur leurs mulets. Un combat commença qui dura pendant quatre heures. Sept soldats furent tués et les autres s'enfuirent à la caserne, laissant les mulets. Ce groupe arménien était conduit par Panos Cham-Kéchichian; celui-ci prit les mulets et se retira avec ses compagnons dans les montagnes, où il resta pendant un mois. Dédé-Pacha revint à, Zeïtoun, mais cette fois encore, pour éviter une révolte générale, il pardonna aux insurgés et leur distribua même de l'argent.

Pendant tout ce temps-là, Babig-Pacha vivait retiré; à la fin, dégoûté de la conduite du gouvernement, il démissionna et se remit à préparer un mouvement de révolte. Le gouvernement en fut averti et voulut se débarrasser de cet homme dangereux. A la fête du mariage de Ferzi-Bek, vice gouverneur de Goguisson, Babig-Pacha fut empoisonné et mourut au bout de deux mois. Les Zeïtouniotes l'enterrèrent avec de grands honneurs dans le couvent de Sourp-Asdvadsadsine. Une simple pierre sert de tombe à sa sépulture; mais cette pierre est devenue pour les Zeïtouniotes un lieu de pèlerinage.