Zeïtoun: Histoire de Zeïtoun II

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Le généralissime Hétoum et la princesse Zarmanouhi

Léon VI de Lusignan, le dernier roi de la Cilicie arménienne, tomba captif aux mains des Arabes en 1375, et fut emmené à Alep avec sa femme, sa fille et son maréchal favori le Français Sohier Doulcart. D'Alep, il fut envoyé au Caire, près du Sultan d'Egypte. Les Musulmans d'Egypte étendirent dès lors leur domination sur les Arméniens de Cilicie.

Selon les traditions des Arméniens de Zeïtoun et de Hadjin, Léon VI fut assiégé dans la forteresse de Gantchi, pendant neuf mois. Une partie de ses soldats prirent la fuite; les autres se livrèrent avec lui, et furent égorgés par l'ennemi à l'entrée de la gorge de Gantchi, tandis que leur roi était emmené comme captif.

Un de ceux qui échappèrent au massacre était le généralisime Hétoum. Celui-ci s'était distingué, par ses exploits, du temps de Constantin III, le prédécesseur de Léon VI; il avait vaillamment mené le combat livré contre les Egyptiens à Tchoukour-Ova; il tua leur commandant Eumer et remporta la victoire. Sous Léon VI, Hétoum eut encore une fois à combattre contre les Egyptiens, qui étaient venus assiéger Sis; il les repoussa, et tua leur commandant Ali. Après que Léon VI eut été mené en captivité, Hétoum, avec sa bande de combattants, et accompagné de sa femme, Zarmanouhi, qui combattait avec lui, re poussa encore une fois les Egyptiens; l'héroïque Zarmanouhi réussit, entre autres exploits, à faire captif le fils du Sultan. Hétoum fut tué par un traître; alors sa femme se réfugia sur les montagnes de Goguisson et d'Ulnie; elle y erra pendant cinq ans, sans se faire connaître, réunit autour d'elle trois cents des montagnards, et ayant avec elle son fils Kévork, attaqua la forteresse de Gaban, la prit et en chassa les Zulcadir. Elle continua ses combats, et, peu à peu, elle s'empara de Goguisson, de Gantchi, de Fournous, d'Arékine; elle gouverna toutes ces régions pendant soixante-cinq ans, avec vaillance et sagesse 1.

Outre les quelques districts indépendants où régnait Zarmanouhi, il se trouvait en ces temps-là, dans les montagnes voisines, d'autres districts et plusieurs forteresses aux mains des Arméniens. Les Arabes n'avaient pas pu s'emparer complètement de la Cilicie; ils avaient détruit la royauté arménienne, mais ils n'avaient pas réussi à subjuguer tous les chefs arméniens qui s'étaient réfugiés sur les montagnes et dans les forteresses et y avaient formé des principautés indépendantes. Le plus célèbre d'entre ces districts libres était Tsakhoud 2 avec ses deux fameuses forteresses Gobidar et Partser-Pert; dans cette dernière était conservé le trésor des rois roupéniens. Jusqu'en 1467, les Arméniens étaient non seulement indépendants dans ces régions, mais selon le dire des chroniqueurs ottomans ils attaquaient les musulmans et les forçaient à leur payer un péage, jusqu'à ce que Chah-Suar, de la famille des Zulcadir, parvint à subjuguer ce district. Six ans après, les Arméniens de Partser-Pert s'insurgèrent et reconquirent leur indépendance. Mais, en 1485, les Ottomans les assujettirent définitivement et ravagèrent les environs. Les Arméniens de tous ces parages s'enfuirent vers les plateaux de Sarus, principalement autour de la forteresse de Hadjin. C'est à cette époque que Iladjin, ainsi que Zeitoun, fut peuplé d'un grand nombre d'Arméniens, et ces deux districts, après plusieurs combats sanglants, devinrent deux centres d'indépendance arménienne en Cilicie.

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1 Ces renseignements sur Hétoum et sur Zarmanouhi sont tirés d'un mémoire érit, en 1473, par le vartabed Guiragos, frère du pretre Ohannès, curé de Gantchi et parent de la famille de Hétoum.

2 Ce district s'appelle, maintenant Tchakhed.